Bonsoir cheres amies et amis, Voila ce que c'est, maintenant je raconte meme mes épisodes pas trés "glorieux"!!!
J’ai eu souvent peur…. Le courage ce n’est pas de l’ignorer, çà c’est l’inconscience, non, le vrai courage c’est de l’assumer…. Et il m’est arrivé parfois de chercher, comme un rat dans une nasse, une issue, quelle qu’elle soit, honorable ou lâche, pourvu qu’elle me tire du mauvais pas où je me trouvais…. Mais il arrive qu’il n’y ait plus d’issue…. Alors, on a vraiment la trouille, on revoit en «flashes » son bout de vie, et on voudrait bien pouvoir revenir à la case départ ! ! !
Situations rares, pour mon cas, mais qui sont quand même survenues, je ne suis pas très fier d’en parler ce soir, mais ma bonne étoile veillait, et sans doute celles de mes compagnons… puisque je peux raconter….
Premier bateau, très vieux, et qui nous donnait des sueurs froides souvent ! ! ! Mais nous ne pensions pas au risque d’y laisser notre peau, on est invulnérable, jusqu’au jour où….
C’était arrivé brutalement, une très grosse explosion dans la machine, un foyer entier de chaudière avait «craché » ses briques dans la chaufferie, personne ne se trouvait devant, heureusement, mais çà ne pouvait pas être réparé en mer, donc, route vers la terre… quand on est sur la partie Nord des côtes norvégiennes, l’abri le plus proche est le fjord qui jouxte le Cap Nord, un endroit parfois très hostile…. Au moins pour les marins…
Nous avons donc mis le cap vers la terre, cahin caha, sur notre dernière chaudière en état, vitesse réduite, et pas trop inquiets, la première surprise passée, même assez contents d’avoir du courrier en arrivant au fjord.
La mer commençait à se former, mais la météo, souvent mauvaise ne nous inquiétait plus…. J’allais donc me coucher, en pensant me réveiller au calme le lendemain.
Le marin chahuté dans le mauvais temps, arrive tout de même à dormir, mal, mais il faut faire avec…Et la nuit fut difficile, quand le jour arriva, je fus surpris par l’ampleur du roulis, un coup d’œil au hublot, et, au lieu du havre espéré, une falaise granitique noire comme la nuit, haute, haute, et proche, trop proche ; le fracas des vagues grimpant à l’assaut, et retombant pour repartir, était incroyable, çà tenait d’un rugissement permanent, avec des chocs que nous pouvions deviner, et presque sentir…. L’eau n’était plus qu’écume, fumée, bouillonnement, le navire craquait et gémissait, on ne sentait plus la puissance transmise par l’hélice pour vaincre la houle… Nous étions presque sur une épave, et a la passerelle, les regards étaient éloquents, toute explication superflue, mettre à l’eau une embarcation entraînait à la mort, faire demi tour nous envoyait encore plus vite à la côte, envoyer un appel de détresse semblait dérisoire ! qui aurait pu venir nous chercher dans cet enfer ?
Les heures ont passé, plusieurs heures, nous n’avions pas l’impression de progresser ; et l’angoisse n’était même plus visible, les visages gris de peur semblaient déjà renoncer à la lutte, j’ai mis l’émetteur de secours en route pour un SOS, mais j'attendais un ordre…. Et j’ai vraiment ressenti le désespoir de l’impuissance…. Trop bête d’en finir de cette façon, sur un tas de ferraille, l’idée de sauter à l’eau germait, mais la mettre à exécution demandait un courage physique impossible. Je ressentais ce que doit ressentir un gibier acculé par la meute, toute la misère du monde était là, en moi, et ce sentiment d’injustice, pourquoi moi ?
Il faut croire que ma peur n’a pas été partagée par tous les autres acteurs de cette aventure ; ou ils l’ont mieux dominée ; eux…. Mais ils ont fait les gestes qui nous ont enfin tirés de ce guêpier, ou notre providence veillait ? Nous en sommes sortis, et, chose très curieuse, si nous avons parfois abordé le sujet, nous avons rarement commenté notre «trouille » sauf pour en plaisanter….
Je ne sais si j’ai trouvé les mots justes décrivant mon état d’esprit du moment, mais rien que de revenir sur ces souvenirs, presque 50 ans plus tard, j’ai le cœur qui remonte à mes lèvres….